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-Alors que l’image pieuse, la peinture religieuse et profane arrête le regard et lui impose une vision des choses liée à une dimension historique, anecdotique ou contextuelle ( mode vestimentaire, architecturale , etc…) vision développée par une esthétique naturaliste ( lumière et ombres , proportions corporelles anatomiques, expressions des visages, perspective linéaire mathématique ou perspective perceptive-subjective-) et impliquant l’artiste dans sa dimension psychique et culturelle ( goût, mode, émotions, affectivité, préférences ),
 
l’icône est une école du regard, qui par un processus de couleurs, de symboles, et de perspective inversée et axonométrique nous ouvre à la transcendance, nous introduit à l’invisible : un essentiel que l’on nomme hypostase ( ce qui est sous la substance ), la Personne.

-C’est dire que l’icône ne représente pas le Réel, mais qu’elle le signifie et le symbolise ; par ce procédé elle préserve aussi le caractère inaccessible , invisible de la Personne .

En proposant la vision de « quelqu’un », d’une Personne, elle donne à contempler un secret qui se montre en se dérobant, paradoxalement ; et cela nécessite un regard qui dépasse la seule perception visuelle (l’essentiel est invisible aux yeux, dirait St Exupéry).

« Elle nous apprend à lire l’Invisible dans le visible et la Présence dans l’apparence ; à regarder le monde comme une icône, c’est à dire à garder le regard non arrêté par ce qu’il voit » (J.Yves Leloup)

-Par son caractère apophatique , l’icône n’est pas descriptive ; elle ne fait qu’évoquer une présence dans sa vérité, sans jamais l’épuiser et la montrer dans sa totalité. Cette Présence est signifiée par le Nom inscrit sur chaque icône.

 

-Alors qu’elle dirige vers nous ses points de fuite par une perspective inversée, et par une lumière qui émane d’elle , l’icône nous propose une rencontre , la possibilité d’une union.

-Elle propose une médiation entre le monde matériel et le monde spirituel ; elle est cette médiation même, elle est un ange, un messager.

Le monde imaginal(*1) à laquelle elle appartient est aussi réel ontologiquement que le monde des sens et le monde de l’entendement ; pour être perçu, ce monde requiert une faculté-la puissance imaginative à ne pas confondre avec l’imagination- ayant une fonction cognitive aussi réelle que celle de la perception sensible ou de l’intuition intellectuelle. Il s’agit d’une connaissance de type prophétique ou visionnaire , intuitive.

-Ce qui s’ouvre alors est une rencontre du sujet et de l’objet ; plus, la Réalité qui s’ouvre n’est ni objective ni subjective , mais un « Tiers », un lieu de rencontre incluant sujet et objet sans les mélanger ou les opposer.

L’icône nous aide à nous ouvrir à l’Union qu’elle propose.

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(*1)- « (…)c’est un monde à la fois médian et médiateur ; ce n’est ni celui de l’image, de la représentation, du « matériel », ni celui du symbole le plus souvent réduit au signe), ni celui de l’intelligible ou du spirituel(…) Si Dieu est vivant, Il veut se communiquer. Il faut donc une médiation entre Dieu et l’humain, entre l’invisible et le visible, entre le monde de l’Esprit immatériel et le monde des corps matériels. C’est dans ce monde intermédiaire, imaginal, que se situe la rencontre.(…)Dieu active dans l’imagination visionnaire les formes nécessaires pour la conduire à Lui.(…)Il nous faudra désormais parler d’imagination créatrice, et non seulement de pensée créatrice(…) apprendre à rêver et à imaginer, rejoignant ainsi le langage des Ecritures sacrées et celui des icônes, langage propres aux songes, plus qu’aux concepts propres aux sciences. »

                                                              J.Yves Leloup, l’icône , une école du regard.

 

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